Soledad - Les villes desertes d'Espagne

Soledad est une série de photos qui est née pour mon portfolio de BTS donc le thème général était la ville. L'architecture était à la base pas trop mon « truc » sans pour autant me déplaire. Mais par contre une chose que je n'aimais pas du tout à ce moment là : les gens ! Oui, c'est paradoxale pour une photographe... Je me suis donc orienté vers les lieux de désolement, de ceux où il n'y per-sonne !

 

C'est assez d'actualité, avec le confinement actuel, je pourrais refaire cette série à la française !

 

 

 

J'ai d'abord voulu me rendre dans des lieux laissés par l'homme pour des raisons environnementales ou liés à des drames : Pripyat, Fukushima, certaines iles-usines en Chine... Mais bizarrement ma mère n'a pas voulu  (je comprend pas pourquoi....) ! J'ai donc cherché des lieux plus proches et moins dangereux. Et l'Espagne est tombée comme une évidence.

 

 

La gare Delicias de Saragosse, un samedi aux heures de pointe, completement vide
La gare Delicias de Saragosse, un samedi aux heures de pointe, completement vide

Son boom économique et immobilier des années 2000 a laissé place à des villes entières désertes, construites de toutes pièces par des magnats de l'immobilier, et pourtant situées à une demi heure de route de Madrid. Valdeluz et Sesena, là où j'ai fais la majorité de mes photos, sont normalement prévues pour des milliers de personnes, mais elles n'ont qu'une petite poignée d'habitants. Les installations sportives ou médicales ne sont pas finies, voire pas construites du tout ! Les établissements scolaires sont fermés ou accueillent des classes multi-niveaux faute d’élèves. Il n'y a pas de train dans les gares immenses.

 

C'est vraiment très impressionnant, l'ambiance y est particulière.

 

Le moindre bruit résonne : du pigeon qui bat des ailes à la sonnerie de portable. Il n'y a pas circulation (mais des voitures garées en double file, oui oui..) au point qu'on peut se coucher en plein milieu d'un carrefour sans avoir (trop) peur de se faire écraser. On avait, avec mon père qui m'a accompagné la bas, l'impression d’être deux âmes en peine dans un autre monde, coupé de tout. Et pourtant on vient d'un petit bled dans les Landes, donc le désertique on en connait un rayon !

 

On erraient au milieux des immeubles flambants neufs, mais déjà tagués pour certains. Et quels immeubles ! Des résidences complètes, avec piscine, terrains de sport en tout genre, aires de jeux pour enfants ; multipliées à l'infinie et toutes rigoureusement identiques, et surtout : vides. Nous avons aussi vu des parcs magnifiques, avec des entrées en marbres, des bassins et des canaux pour les pédalos, dans lesquels il n'y avait pas une goute d'eau et au fond duquel des gamins jouaient au foot.

 

 

 

Au delà du fait que c’était pour mon BTS et que j'y ai passé beaucoup (beaucoup, beaucoup, beaucoup...) de temps, je garde de la réalisation de cette série un souvenir coupé du temps, un sentiment vraiment bizarre que ça a cloché à un moment donné quelque part pour en arriver là.

 

« Soledad : solitude en espagnol. La solitude, l'isolement, c'est ce que j'ai vraiment ressenti en premier face à ces villes vides. La solitude de l'Homme face à sa propre folie. Folie de s'étendre toujours plus, folie de construire à tord et à travers. Ces immensités dénuées de vie et de présence humaine représentent leur silencieuse folie. Le claquement des ailes des oiseaux vient perturber ce calme et résonne au dessus de ma tête, en pleine ville ; comme le bruit du miroir qui se lève lors du déclenchement. L'impression de déranger, de ne pas être à ma place, c'est la seconde sensation que j'ai. Je déambule et je reste à distance, je photographie de loin ces endroits morts qui s'étalent devant moi. Je regarde de face cette réalité. Ces villes avec leurs places désertes, leurs avenues rectilignes sans circulation et leurs gares où les voyageurs brillent par leur absence sont des constructions qui me semble avoir été faites par des fous. Mais l'Espagne entière semble être dépeuplée, ces lieux ne seraient donc que le miroir du pays ? De vastes espaces qui n'appartiennent à personne. Et les quelques personnes vivant là-bas semblent être des fantômes que je ne capture pas. Ces quelques spectres hantent des bâtiments inachevés et des terrains vagues. Les mairies sont closes et les résidences sont gardées par de hautes grilles. Sur les parvis de gares, aucune âme ne traine. Dans les piscines, l'eau est immobile. Tourner le dos aux fantômes et se tourner vers le futur. Effacer les ruines et se concentrer sur ces villes qui sont peut être l'avenir. Un jour elles seront peuplées, un jour une de ces âmes ouvrira la fenêtre ou prendra ce train. »

 


P { margin-bottom: 0.21cm } Cette série vous plait ? Connaissez vous d'autres endroits abandonnés comme ça ?


A bientôt pour un nouvel article ! Je reste disponible pour discuter de vos projets: mariage, EVJF, baptême...

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Commentaires: 1
  • #1

    Mark Lhours (lundi, 06 avril 2020 18:17)

    très très belle série ! pourquoi ne pas exposer, j'imagine que dans votre commune il doit bien y avoir une salle, un lieu (médiathèque ...), qui serait intéressée, voir avec l'office de tourisme, les associations ... créer une cagnotte en ligne pour les tirages !! CONTINUEZ !!
    ML